Fabienne Abramovich, à bras-le-corps

Grande première, l’ADC investit la salle communale des Eaux-Vives! Pour marquer le coup, elle choisit d’y monter une création - et pas des moindres, puisqu’elle porte la signature de Fabienne Abramovich. (…) La prolifique chorégraphe genevoise présentera “Cellules à collerettes ou la poétique des corps”, son quinzième opus en seize ans. Un spectacle dont la distribution se trouve renouvelée, mais qui prolonge le compagnonnage artistique liant Abramovich à Yves Meylan, maître d’oeuvre de l’environnement sonore, et à Marc Gaillard, officiant au jeu des lumières.

Des mots s’échappent, mêlés à la musique, aux respirations des danseuses, aux bruissements de leurs vêtements. Membrane, labyrinthe rouge, vertèbre, cellule, protozoaire, cellules à collerettes… Paroles d’enfants, principes scientifiques, sensations physiques exprimées pêle-mêle par cinq danseuses. Leçon d’anatomie? Poésie? «L’un et l’autre, répond Fabienne Abramovich à propos de sa dernière création, «Cellules à collerettes ou la poétique des corps». L’idée est de relier le corps sensible au corps scientifique par un jeu entre la mécanique des membres et leur ressenti lorsqu’ils bougent, lorsqu’ils obéissent à la pensée. Autrement dit, le corps comme laboratoire et motif poétique». Cette carcasse, cette machine, cette matière complexe, consciente et sensible qu’est le corps : un thème déjà amorcé dans un création précédente de la chorégraphe genevoise.

Souvenez-vous: Fabienne Abramovich a longuement dansé pour Sarajevo contre l’épuration ethnique. Elle a présenté en plusieurs lieux «La Danse des aveugles», «Trois impressions sur l’exil» et «With the ground Laïla, Laïla». Ensuite, elle paraît se replier sur elle-même, avec une pièce sensible et sensuelle, «Sacré Iliaque». Un solo qu’elle chorégraphie et interprète. Celle qui engageait sa danse pour la fondre dans la douleur et le désarroi de la guerre a, selon ses prores dires, «ressenti le besoin professionnel et personnel de travailler seule». Dans un pays qui est le sien : son propre corps. Un corps encore écouté aujourd’hui, puisqu’elle le réintègre à nouveau dans «Cellules à collerettes…»

Le corps en parole

On l’aura compris, le dernier spectacle de Fabienne Abramovich trouve son ancrage dans «Sacré Iliaque». Depuis toujours, la chorégraphe s’intéresse à la structure d’une articulation, d’un muscle ou d’une vertèbre. Intérêt concrétisé lorsque, par le biais d’interviews, elle traque alors des paroles : les siennes propres, celles d’enfants, de danseurs ou de scientifiques qui parlent de l’organisme chacun à sa façon. Des paroles tour à tour amusantes, savantes, des mots fous plaqués sur des mécanismes invraisemblables, et qui sont voulus comme des moments de pure poésie. Dans «Cellules à collerettes…» on entend donc des enfants qui s’expriment sur leur corps, mais aussi des émissions scientifiques portant sur la biologie et l’évolution de l’homme, des extraits de textes tirés de livres d’anatomie. «Ces paroles, dit-elle, tissées à la musique de la bande sonore, sont comme une deuxième lecture parallèle à celle des corps en mouvement des danseuses. Une juxtaposition parfois littérale, d’autres fois ludique et décollée du sens premier, faisant appel à l’imagination».

Cette bande-son a été découpée dans la dentelle par Yves Meylan, le collaborateur de longue date de Fabienne Abramovich: «Mes sources sont des photographies d’instants, nous situant dans une urgence qui transmet l’émotion du moment. J’ai travaillé sur les différences de qualités sonores, entremêlé paroles et musique pour donner un volume à l’espace sonore. Puis, avec Fabienne et ses danseuses, nous avons accordé le voir et l’entendre… jusqu’à ce que le geste et le son se marient parfaitement, et que le sens éclate».

Le corps en musique

Ainsi «Cellules…» cherche à créer un rapport juste entre la rétine et le tympan; un alliage qui puisse accessoirement faire coïncider l’image de la scène avec l’esprit de la danse de manière presque cinématographique. La musique ne doit pas paraphraser le geste, mais exprimer une musique intérieure au danseur. Musique faite de silences, de rythmes internes, de sons invisibles.

Résultat? Les rapprochements entre la bande-son et le mouvement sont intimes, la danse laisse à l’oeil qui la regarde le temps d’entrer dans un motif, de découvrir progressivement les danseuses et les gestuelles appropriées à leurs corps. «Les mots scientifiques sont à comprendre comme des mots d’impulsion, soulignent en chœur Yves Meylan et Fabienne Abramovich. Le texte ne se pose pas comme didactique, mais doit s’entendre comme une poésie surréaliste». Or il n’y pas que les mots. «Il y a aussi, raconte Yves Meylan, les silences qui ne sont pas du vide, les musiques recomposées, les chants d’animaux…». Au son d’un galop, le pied nu d’une danseuse devient le sabot du cheval; au cri amoreux du loup s’avance un félin ondulant aux bras longs, très longs…: poétique des corps.

Anne Davier-Journal de l’ADC no 18- janvier-mai 1999

top

     
 
   
   
    top

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
  DISTRIBUTION GENEVE  
  Chorégraphie Fabienne Abramovich  
  Danseuses Migéna Alité, Sabrina Moser, Stéphanie Durelli, Eva Staub, Mena Avolio  
  Musique Yves Meylan (avec des extraits de David Moss, John Adams, des paroles d'enfants, de scientifiques et des danseuses)  
  Décor Terence Prout  
  Lumières Marc Gaillard  
  Costumes Marilyse Favre  
  Photographe Isabelle Meister  
  Assistante de diffusion Nelly Vial  
       
  DISTRIBUTION FESTIVAL DE DANSE "LES PRINTEMPS DE SEVELIN" (Sévelin 36, Lausanne)
  Chorégraphie Fabienne Abramovich  
  Danseuses Karine Grasset , Sabrina Moser, Mena Avolio, Diane Senger  
  Musique Yves Meylan (avec des extraits de David Moss, John Adams, des paroles d'enfants, de scientifiques et des danseuses)  
  Décor Terence Prout  
  Lumières Marc Gaillard  
  Costumes Marilyse Favre  
  Photographe Isabelle Meister  
  Assistante de diffusion Nelly Vial  
       
  DISTRIBUTION POUR LES RENCONTRES CHOREGRAPHIQUES DE BAGNOLET  
  Danseuses Sandra Heyn, Sabrina Moser, Fabienne Abramovich, Diane Senger  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 

Avec le soutien de

   
  Ville de Genève-Département des Affaires culturelles, Etat de Genève - Département de l'Instruction Publique, Fondation Nestlé pour l'Art, Pro Helvetia Fondation Suisse pour la Culture, Conseil d'Etat du canton de Genève - Fonds de la Loterie Suisse à Numéros, Fonds Eckert, don de la Loterie Romande, ADC  
       
       

 

 

 

 

 

 
 

Sélection pour les Rencontres Chorégraphiques de Bagnolet

 
      top

 

 

 

CREATIONS CHOREGRAPHIQUES

Entretiens /Ecrits

Presse

Distribution

Partenaires

Travail avec les classes
de l'école des Eaux-Vives (1E à 6P)